Communiqué – 10 septembre 2023
L’Institut des Dominicaines du Saint-Esprit a pris connaissance le mois dernier de son assignation en justice par une ancienne sœur, Sabine de La Valette / Sœur Marie Ferréol (assignation conjointe avec celles du Cardinal Marc Ouellet, Préfet émérite de la Congrégation pour les évêques, et des deux Visiteurs apostoliques de juillet 2020). Nous souhaitons réagir aux informations parues dans la presse à partir du 8 août 2023.
Plusieurs journaux ont relayé le communiqué de presse de Maître Adeline Le Gouvello, avocate de la plaignante, Sabine de La Valette, renvoyée de l’état religieux par décision du Saint-Père le 26 avril 2021. Le communiqué de l’avocate évoque ce qu’elle appelle un « renvoi sans motif », dans « des conditions illicites », avec un « préjudice matériel et moral » conséquent.
Qu’en est-il réellement ?
Aux mois de mai et juin 2020, plusieurs lettres ou alertes avaient été adressées à l’évêque de Vannes et/ou au Saint-Siège pour signaler une situation de malaise au sein de l’Institut des Dominicaines du Saint-Esprit et des dysfonctionnements importants dans les relations avec la IVème section de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (ancienne Commission Ecclesia Dei, aujourd’hui dissoute), chargée d’accompagner l’Institut au nom du Saint-Père.
Une Visite apostolique a donc été décidée par le Saint-Père qui en a confié la responsabilité au Cardinal Ouellet. Le Pape François a également nommé pour procéder à la Visite deux personnes non membres de l’Institut, sans lien hiérarchique avec le Cardinal Ouellet, ne connaissant pas la communauté : un religieux, Dom Jean-Charles Nault osb et une religieuse, Mère Emmanuelle Desjobert o. cist., bénéficiant de la compétence et de l’expérience requises pour mener une telle visite.
Cette Visite apostolique consistait à apprécier la réalité des alertes reçues par le Saint Siège en interrogeant sur plusieurs grands aspects de notre vie. Elle s’est déroulée sous forme d’entrevues avec chacune des sœurs ainsi qu’avec des personnes de l’extérieur (soit environ 110 personnes au total). La mission des Visiteurs a été d’enquêter et de référer (ad inquirendum et referendum), non de prendre des mesures administratives, encore moins des sanctions.
Au cours de cette Visite apostolique, sans que ce soit le sujet, une forte majorité des personnes interrogées a mis au jour l’ampleur du trouble que générait l’attitude problématique d’une sœur. En effet, il est apparu que le comportement de Sœur Marie Ferréol nuisait au libre exercice du gouvernement et avait des conséquences sur la santé de sœurs. Le rapport d’enquête a été transmis au Cardinal Ouellet qui en a référé au Saint-Père. C’est ce dernier qui, avec les informations qu’il avait par ailleurs, et qui ont conduit à ce qu’il intervienne personnellement, a décidé une mesure d’exclaustration.
Par cette mesure, il était demandé à Sœur Marie Ferréol de prendre un temps de recul et de réflexion dans un cadre religieux extérieur à l’Institut pour trois années. Les motifs de cette mesure ont été expliqués oralement à Sœur Marie Ferréol, qui a accepté la décision du Pape François. Elle a donc été accueillie dans un cadre bienveillant à l’abbaye Sainte-Cécile de Solesmes ; elle a pu y recevoir des visites et en faire (notamment à ses parents) ; elle a pu bénéficier du soutien de deux prêtres de son choix. Il s’est avéré nécessaire de changerde lieu et, après le souhait qu’elle a exprimé, elle a été accueillie à l’abbaye de Randol. Mais Sœur Marie Ferréol n’est manifestement pas entrée dans la remise en cause demandée. Le Saint Père, gardien et protecteur de la vie religieuse, a décidé son renvoi de l’état religieux avec l’interdiction de porter l’habit. Il a concédé à Sœur Marie Ferréol la possibilité de présenter une
supplique, ce qu’elle a fait. Le Pape François, ayant l’ensemble des éléments d’appréciation, a maintenu sa décision.
Désormais, Sabine de La Valette n’est plus membre de l’Institut mais, conformément à nos engagements, un accompagnement financier a été évoqué. Dès le moment de son renvoi, une aide matérielle lui a été proposée. Par ailleurs, afin de trouver une solution juste et équitable, il a été envisagé de recourir à une première procédure de médiation, qui n’a pu aboutir. Par la suite, Sabine de La Valette a décidé de saisir le Conseil de Prud’hommes afin de faire requalifier son contrat religieux en contrat de travail. Une deuxième médiation a été mise en place, qui a malheureusement échoué.
Confiantes en la compétence des instances judiciaires, nous souhaitons que la vérité puisse être faite sur cette affaire, pour le bien de Sabine, qui a été notre sœur pendant 34 ans, comme pour celui de l’Institut.
Mère Marie de St Charles et le Conseil de l’Institut